samedi 30 juin 2007

C'est en forgeant...

L'écriture c'est vraiment chiant. J'ai des idées plein la tête (elles ne sont pas très élaborées ni même originales mais bon ce sont mes idées, c'est tout ce que j'ai, alors je suis assez indulgent avec elles) mais aussi un poil dans la main ce qui fait que les idées ne deviennent rien de concret et ma frustration grossit, bête infâme tapie dans les méandres de ma prétention créatrice et nourrie de paresse. Il y a deux ou trois ans, j'ai commencé à avoir une vision. Développer un univers qui me serait propre à travers une série de romans (on était en plein Harry Potter mania, ceci explique cela, enfin moi j'étais parmi les premiers fans français du petit sorcier). Je me mettais à penser comme un producteur d'hollywood et je voyais déja une tétralogie voire une quintologie. Je suis fasciné par le roman d'aventure (merci Jules Verne), le steampunk et globalement le XIXe siècle alors je m'étais mis en tête d'écrire là dessus. J'ai longtemps griffoné des idées et des notes sur mes carnets, tout ça pour définir les trames principales, les lieux, les personnages, les inventions et autres petits machins que je voulais absolument caler dans mes histoires. J'ai même un tableau en liège où je punaise les évènements du premier tome dans l'ordre chronologique en mettant à chaque fois la cohérence et la complexité de la trame à rude épreuve.
Mais tout ceci c'est du vent. Pour écrire un roman, il faut se mettre derrière son bureau et noircir des kilomètres de pages chaque jour. Peut importe que ça soit bon ou pas, il faut écrire à tout prix, tout le temps, sans répit. Les idées de génie ne viennent pas en regardant le plafond , elles finissent par apparaitre à force de travail. C'est en se torturant le cerveau pendant l'écriture d'une scène qu'on finit par trouver la tournure qu'on souhaite (comme par exemple une scène d'évasion que l'on veut brillante et plein de panache, ben faut commencer par écrire sur les bonhommes en cellule). Je mesure bien l'arrogance qu'il y a à dire que j'écris, avoir une vague idée (que tout un tas de losers autoconvaincus de l'existence de leur génie ont dû avoir aussi) c'est tout aussi intéressant que de ne pas en avoir du tout. Les geeks dans mon genre ou les types qui rédigent des fanfictions sont souvent boursouflés de prétention en s'imaginant que l'idée fait le roman et "qu'il n'y a plus qu'à l'écrire". Ce qui fait le roman ce sont les heures d'écriture, de brouillon, de ratage, de réécriture, de peaufinage.
Comme je suis en vacances et donc à nouveau oisif 24h sur 24 j'ai décidé de réouvrir mon cahier et de plancher sur de nouvelles scènes. Mais je m'y prend tard le soir, quand je m'emmerde vraiment et force est de constater que je n'arrive à rien comme ça. Deux mots quand même sur ma technique :
Désormais j'ai choisi d'écrire à tout prix et donc de ne pas me soucier de l'ordre chronologique dans un premier temps. Je choisis donc d'écrire une scène dont j'ai une vague idée et je me soucierais de l'intégrer plus tard, vu l'avancement du bouquin ça n'est pas la préoccupation première. Une fois la scène choisie je me lance dans la rédaction de ce que j'appelle le "sirop". Le sirop c'est un concentré de texte, le premier jet. Car je suis quelqu'un qui a une écriture plutôt synthétique (dans le domaine scolaire j'écris toujours moins que mes petits camarades). Du coup ça donne un texte ultra concentré qu'il convient d'étoffer, d'allonger, de diluer (voilà d'où vient le terme sirop). Je suis obligé de marcher en deux temps, si je m'en tenais à la première version, mon livre ferait 60 pages maxi et serait indigeste (pas sûr qu'il soit plus digeste une fois allongé remarque...). Bon après il y a la traditionnelle épreuve de relecture où je sabre à coeur joie dans mes phrases pour rendre mon style lisible. C'est ce que je préfère, c'est comme tailler et polir un caillou, éliminer les impuretés mais en ayant déja la structure sous les yeux.
Toujours est-il que cette structure il faut la produire et en celà je suis vraiment mauvais. Il va donc falloir que je m'impose un régime d'écriture (comme avec ce blog lorsque je n'ai pas de problèmes de modem) si je veux un jour en finir avec ce caprice de faire un livre, caprice qui me dévore depuis un moment. C'est purement une aspiration de geek ça mais que voulez vous, personne n'est parfait. Ah oui et puis quand on a assez de matière à présenter il faut savoir surmonter le complexe d'être lu. Pourtant c'est bien pour ça qu'on écrit in fine, il n'empêche que lorsqu'il s'agit de tendre des bouts de manuscrits à des amis ou de la famile, ça change pas mal de choses. Mais c'est vraiment nécessaire, le seul moyen de s'améliorer passe par un oeil extérieur. Bon en revanche là où le complexe se justifie et ne saurait se soigner c'est lorsqu'on a honte du sujet même du bouquin. D'un naturel assez lâche, j'avoue que je ne suis pas chaud à l'idée de gueuler à qui veut l'entendre que j'écris un roman d'aventure steampunk...


Enfin bon, faut vraiment que je réussisse à terminer tout ça, sinon je pourrais jamais être riche et célèbre. Et ça, ça serait un vrai drame.