mercredi 13 juin 2007

Mignola Forever



Le B.P.R.D. (sur leur papier à en-tête ça veut dire Bureau for Paranormal Research and Defense) c'est une agence internationale qui vient régler les problèmes du type zombies dans le jardin, fantômes de dictateurs réincarnés dans des balais à chiottes ou encore petits zenfants possédés par une entité phalloïde supradimensionnelle. Et pour gérer ce genre de boxon, le Bureau fait appel à d'autres monstres (mais des gentils bien sûr ! ), idée de génie non ? Découvrons les donc sans plus attendre (ils sont sur l'image ci dessus), de droite à gauche :
Johann l'homme ectoplasme, Abe l'homme-poisson et Roger l'homoncule. Le premier est un fantôme enveloppé sous plastique qui peut sortir de sa combinaison pour faire plein de trucs psykotélékynétiques, le second de son vrai nom Abraham Sapiens est le leader de l'équipe (et amphibie, on s'en serait douté), et le dernier c'est grosso modo un Pinocchio version grosse brute avec un slip en bois mais gentil comme tout. Il manque un membre illustre de l'agence dans ce joli tableau, il s'agit bien sûr d'Hellboy (mais il n'apparaît pas dans la série, c'est fait exprès).

Je voulais vous en parler au début mais j'ai tellement peiné pour écrire cet article que j'ai décidé de lâcher l'affaire et de remettre ça à plus tard pour éviter de faire trop lourd. Juste pour dire que B.P.R.D. est une série spin-off de Hellboy, voilà.

Alors pourquoi j'aime B.P.R.D. (découvert il y a trois jours et j'ai déja lu les deux premiers volumes sur les 4 publiés par Delcourt, le 5e arrive en juillet) ?
ou Et bien parce qu'il s'agit d'une série qui regroupe plusieurs éléments que j'affectionne particulièrement. Elle est dans la lignée des feuilletons d'aventures comme Sherlock Holmes ou Arsène Lupin, facile d'accès car composée d'histoires indépendantes (même si à mesure que les albums s'enchaînent on assiste à de subtils changements de relations entre les personnages, ce qui fait toujours plaisir convenons-en). Ensuite elle fourmille de petites références littéraires (principalement à la littérature fantastique "mais pas que", chaque scénariste -dont Mignola le papa d'Hellboy - apporte sa touche perso) mais moins qu'Hellboy cependant. Enfin l'ambiance est travaillée à la perfection, du travail d'orfèvre qui nous offre un petit bijou d'humour et d'aventures bien calibrées dans le monde du bizarre. C'est de la création littéraire populaire de haute volée.
Plusieurs équipes artistiques (scénaristes/dessinateurs/encreurs/coloristes) se partagent la tâche et chacun conte sa petite histoire (surtout vrai dans le deuxième album composé exclusivement de courtes aventures, le premier contenant une grosse histoire complété d'une autre de petite taille). Côté scénarios c'est assez solide, classique (donc pas toujours très ingénieux pour les auteurs les moins doués) mais efficace puisque l'esprit est respecté. Côté dessinateurs on a le droit à du surdoué (Ryan Sook sur le premier album) au médiocre (Scott Kolins, qui heureusement est ici moins pire que sur le reste de ses travaux, sans doute parce qu'il laisse le soin au génial Dave Stewart de s'occuper des couleurs) en passant par le talentueux (Guy Davis, Michael Avon Oeming) et l'agréable (Cameron Stewart). Ça valse pas mal niveau graphique (comprenez "il y a beaucoup de styles de dessin différents"), chose que je n'apprécie guère d'ordinaire mais je fais une exception ici, vu le principe de la série. Et puis c'est en général tellement drôle qu'on pardonne aisément (alors que je suis impitoyable avec les séries qui se prennent au sérieux).
Question accessibilité, c'est un peu épineux. La preuve en est que j'ai passé près de quatre heures à m'arracher les cheveux pour essayer de rédiger cet article (ou Comment L'Exhaustivité Est Mère de Lourdeur). En fait il suffit de lire le tome 6 d'Hellboy Le Ver Conquérant sorti chez Delcourt pour aborder B.P.R.D. sereinement (même si des rappels sont faits dans les albums, c'est plus sympa de découvrir l'histoire dans l'ordre). Hormis cette référence (Hellboy bien qu'absent du Bureau a tout de même un poids important), c'est du friendly reader, on plonge dedans direct et on accroche tout de suite aux personnages (je préfère de loin cette équipe aux aventures solo du Gamin de l'Enfer, mais là encore, je veux pas développer pour pas alourdir).

Il y a donc encore beaucoup de choses à dire sur les créations de Mike Mignola, voyez cet article seulement comme une introduction, promis je reparlerai plus en détails d'Hellboy (et aussi du génialissime Screw-On Head tiens !).

P.S. : merci à Aile Bois pour ces précieux conseils en la matière, c'est toujours pratique d'avoir un fan sous la main (allez déchaîne toi dans les commentaires maintenant, il est fait pour toi cet article).